Le bénévolat et les divers biens mis à disposition à titre gracieux tiennent une place essentielle dans le fonctionnement des associations. Si ces éléments n’ont pas de dimension financière, et donc aucune répercussion sur la comptabilité des organisations, il est évident qu’ils apportent beaucoup de valeur aux associations qui en disposent.
Nous allons voir dans cet article la manière de les aborder et les valoriser.
Qu’est-ce qu’une contribution volontaire en nature ?
Le Plan Comptable des Associations définit les contributions volontaires en nature de la manière suivante : « Les contributions volontaires en nature sont par nature effectuées à titre gratuit. Elles correspondent au bénévolat, aux mises à disposition de personnes par des entités tierces, ainsi que de biens meubles ou immeubles auxquels il convient d’assimiler les dons en nature redistribués ou consommés en l’état par l’association ou la fondation. »
Ainsi, La contribution volontaire est l’acte par lequel une personne physique ou morale apporte à une autre un travail, des biens ou d’autres services à titre gratuit.
Ces contributions peuvent donc revêtir diverses formes :
Des contributions en travail
Bénévolat, personnel mis à disposition par un organisme public ou privé, temps non rémunéré consacré à la gestion de l’association par les membres de l’association …
Des contributions en biens
Tout bien remis en pleine propriété à l’association ; il s’agit de dons en nature (donc non financiers) qui peuvent être utiles de manière significative au fonctionnement de l’association (don de matériel, de véhicules ou de mobilier) ou être redistribués (ex : collecte alimentaire en sortie de caisses de supermarchés).
Des contributions en services
Mises à disposition de locaux, de matériel, fournitures gratuites de services par des entreprises ou des collectivités territoriales.
Pourquoi valoriser une contribution volontaire en nature dans la comptabilité de son association ?
Si ces contributions volontaires sont gratuites, elles restent une valeur économique qui justifie leur inclusion dans les documents comptables et financiers de l’association. Les rendre visibles donne une image fidèle des activités et du patrimoine de l’association et permet d’évaluer l’importance des ressources qu’elle peut mobiliser. En plus de répondre à l’attente croissante de transparence dans le fonctionnement des associations, cela peut permettre de démontrer aux financeurs publics, dans leur propre langue, la contribution effective et substantielle de l’association au regard des subventions demandées.
En somme, si la valorisation des contributions volontaires effectuées à titre gratuit n’a pas d’impact sur les résultats comptables de l’association, elle est intéressante pour:
- Démontrer l’autofinancement d’une partie de l’activité en valorisant l’apport important des contributions volontaires, ce qui atténue les besoins en financement public.
- Souligner le dynamisme d’une association en mettant en évidence sa capacité à mobiliser des bénévoles et des prestations gratuites en nature ;
- Évaluer le poids financier du bénévolat, des dons et services en nature ; et ainsi connaître les coûts réels de l’association
- Identifier la dépendance au bénévolat et évaluer le besoin de financement supplémentaire si cette aide est réduite.,
- Valoriser les bénévoles eux-mêmes, faciliter leurs perspectives de valorisation des acquis de l’expérience
- Relativiser les frais de fonctionnement de l’association (organisation, gestion, collecte, etc.) en les mettant en parallèle avec le nombre réel de personnes mobilisées dans les activités de l’association.
Quand prendre en compte une contribution volontaire en nature dans la comptabilité de votre association ?
L’information sur les modalités de mise en valeur des contributions volontaires en nature est prévue dans le CRC 99-01 qui précise : « dès lors que ces contributions présentent un caractère significatif, elles font l’objet d’une information appropriée dans l’annexe portant sur leur nature et leur importance. A défaut de renseignements quantitatifs suffisamment fiables, des informations qualitatives sont apportées, notamment sur les difficultés rencontrées pour évaluer les contributions concernées. Si la structure dispose d’informations suffisamment quantifiables et valorisables des contributions volontaires significatives obtenues, elle peut opter pour l’enregistrement en comptabilité. »
Le règlement de l’Autorité des normes comptables n°2018-06 instaure le caractère obligatoire de fournir les informations relatives aux contributions volontaires en nature : « Si l’entité décide de ne pas comptabiliser les contributions volontaires en nature, l’entité mentionne les motifs de cette décision en annexe et donne une information sur la nature et l’importance des contributions volontaires en nature ».
Mais pour pouvoir être enregistrée comptablement, une contribution volontaire en nature doit être significative, quantifiable et valorisable.
Significative : impacte de manière significative l’activité de l’association.
✔ Contribution significative : dons alimentaires aux restaurants du cœur.
✖ Contribution non significative : dons alimentaires aux salariés d’une association sportive
Quantifiable : peut-être quantifiée.
✔ Contribution quantifiable : 2 heures de secrétariat au siège d’une association
✖ Contribution non quantifiable : le bouche-à-oreille.
Valorisable : peut être traduite par un équivalent financier.
✔ Contribution valorisable : 3 jours de mécénat de compétences sur la refonte d’un site internet (valorisable en fonction de la grille tarifaire auprès d’une agence spécialisée.
✖ Contribution non valorisable : une association menant des actions bénévoles sans méthode de suivi fiable, qui n’est donc pas en mesure de comptabiliser le nombre total d’heures de bénévolat.
👉 Si la contribution volontaire en nature est significative mais ne peut être quantifiée, vous devez la faire apparaître dans les annexes du rapport financier de l’association, en tant que contribution qualitative au projet de l’association
👉 Si la contribution est significative et quantifiable mais non valorisable, faites-en mention dans les annexes de votre rapport financier en tant que contribution quantitative.
Comment valoriser les contributions volontaires en nature ?
Conformément au règlement relatif aux modalités d’établissement des comptes annuels des associations et fondations, les biens reçus à titre gratuit sont enregistrés à leur valeur vénale à leur date d’entrée dans le patrimoine de la structure. La valeur vénale d’un bien reçu gratuitement correspond à sa valeur marchande, soit le prix qu’il aurait eu dans des conditions normales de marché.
Pour les contributions en travail :
- Établir des fiches de suivi de temps pour le personnel bénévole,
- Estimer un taux horaire, charges sociales et fiscales incluses, correspondant à la rémunération prévue pour les qualifications de la personne concernée selon la convention collective ou la grille salariale la plus proche de l’emploi exercé.
⚠ Le travail effectué bénévolement par les élus de l’association pour les réunions ne peut pas être comptabilisé.
Pour les contributions en biens :
- Lorsqu’il est effectué par un particulier, le don doit être valorisé à la hauteur de la somme d’argent que le donateur aurait obtenue s’il avait vendu l’objet au lieu de le donner gratuitement à l’association. Cette somme est laissée à l’appréciation du donateur.
- Lorsqu’il est effectué par une entreprise, le don doit être valorisé à la hauteur des sommes engagées par l’entreprise donatrice pour acquérir (ou le cas échéant, produire) et stocker l’objet du don.
- En l’absence de ces données, il faut tenter d’estimer le prix de marché du bien, et retenir le coût minimal afin d’éviter de présenter des charges mal évaluées.
- Si l’association est éligible, elle peut émettre un reçu fiscal, à hauteur de la valorisation don.
Pour les contributions en services :
- Identifier la prestation de service rendue et la comparer au prix du marché,
- Dans le cadre de mises à disposition de terrain, local ou matériel, la valeur à prendre en compte correspond à la somme d’argent que le prêteur aurait perçue, s’il avait signé un contrat de location de matériel ou un contrat bail sur le terrain ou le local qu’il met à disposition. La valeur locative au m2 du marché local peut également servir de référence.
Que se passe-t-il d’un point de vue comptable ?
Récapitulons : si votre association a bénéficié à titre gratuit de temps de travail de la part de bénévoles, de dons en nature ou de mise à disposition de moyens humains ou matériels, et que ces derniers sont à la fois significatifs, quantifiables et valorisables, alors ils peuvent apparaître dans la comptabilité de votre association.
Il convient d’inscrire ces contributions en comptabilité dans des comptes de classe 8 selon la méthode suivante :
Au débit des comptes 86 (répartition par nature des charges) :
- 860. Secours en nature (alimentaire, vestimentaire, etc.)
- 861. Mise à disposition gratuite de biens (locaux, matériel, etc.)
- 862. Prestations
- 864. Personnel bénévole
Au crédit des comptes 87 (répartition par nature des produits) :
- 870. Bénévolat
- 871. Prestations en nature
- 875. Dons en nature
Cet enregistrement se traduira, lors de l’établissement des comptes annuels, par la présentation au pied du compte de résultat de deux colonnes de totaux égaux sous la rubrique « Évaluation des contributions volontaires en nature ».
⚠ Cette évaluation ne modifie en rien le résultat de l’association. En revanche, l’information traduit une réalité économique avec une présentation claire au pied du compte de résultat.
L’annexe devra impérativement indiquer les méthodes de quantification et de valorisation utilisées.